Air France-KLM en mouvement perpétuel

Emilie Drab
le 12/02/2019 , Compagnies aériennes régulières
Air France-KLM apaisé et unifié est-il une douce utopie ? Alors que Benjamin Smith enchaîne les succès chez Air France, c'est du côté de KLM que le personnel commence à s'agiter, à cause cette fois d'une guerre des chefs qui oppose le nouveau PDG du groupe à Pieter Elbers, le président de la compagnie néerlandaise.

Pourtant, Benjamin Smith était bien parti pour apaiser les tensions et réduire la distance qui demeure entre Air France et KLM. Extérieur au groupe donc vierge de ses vieilles rancoeurs, il a su soulager des années de tensions entre les syndicats et la direction d'Air France, notamment en faisant tomber des têtes. Cela a immédiatement mené à un apaisement en interne, symbolisé par la signature de plusieurs accords salariaux ces derniers mois et les prémices d'une nouvelle stratégie pour la compagnie - qui se base sur le renforcement de la marque Air France et de sa qualité de service, ce qui a mené à l'enterrement de cette autre source de conflit qu'était Joon.

Mais alors que la nouvelle situation aurait pu rasséréner KLM, la compagnie s'agite à son tour. En cause, cette mésentente qui semble avoir viré à l'hostilité entre Benjamin Smith et Pieter Elbers. Au-delà d'un problème de caractère, les deux hommes n'ont pas la même vision de ce que doit être la nouvelle stratégie du groupe : le premier souhaite plus d'intégration, le second veut maintenir l'autonomie de KLM, ce statut qui lui a permis de se redresser puis de devenir le symbole d'efficacité et de réussite du groupe. Les tensions en sont arrivées au point où il serait question de ne pas renouveler le mandat de Pieter Elbers, décision qui pourrait être tranchée le 19 février lors de la prochaine réunion du conseil d'administration.

Mais cette tête-là est soutenue par le corps des salariés de KLM. Alors, dans une lettre au conseil d'administration du groupe, plusieurs dirigeants menacent à leur tour d'actions syndicales en cas de « départ inexplicable et involontaire » de leur PDG. Ils s'appuient sur les excellents résultats de la compagnie, qui a été source de croissance pour le groupe quand Air France se débattait dans ses conflits internes. Si ce spectacle a pu parfois susciter de l'exaspération chez KLM, il a surtout entretenu une certaine méfiance envers tout projet d'intégration plus poussé, au sein de la compagnie mais aussi plus largement de l'opinion publique et du gouvernement néerlandais.

D'autant que la méfiance existe également du côté d'Air France, qui a longtemps accusé sa direction de déséquilibrer le rapport de force entre les deux compagnies en privilégiant la croissance de KLM. Quinze ans après l'annonce de la fusion, la miscibilité des deux entités reste toujours à prouver.
 
 

Partager cet article :

 

Dans la même thématique

Air France-KLM

 

l'actualité aéroNAUTIQUE à LA UNE