Championnats de voltige 2017 : de Niort à Malelane

Propos recueillis par Marie Christophe
le 07/09/2017 ,
A quelques jours du début des championnats du monde de voltige à Malelane en Afrique du Sud (9-17 septembre), Alexis Busque, Willy Gruhier, Benoît Mérieau et Pierre Varloteaux nous font part de leurs vécus et ressentis. Interview croisée entre pilotes et juges.

Quel a été le constat général à Niort ?

W.G : Dans les grandes lignes, c'est tout de même un constat que tous les ans le niveau monte encore, tous les ans il y a de très bons pilotes. C'est encore plus impressionnant cette année : les douze premiers pourraient tous être techniquement champions du monde. Côté jury, nous avons donc mis en toute objectivité des notes très élevées, considérant le niveau.

P.V. : Nous avons vu de belles batailles sportives. Il y avait beaucoup de concurrents, 45 concurrents c'est quasiment un championnat d'Europe ! Sauf qu'un championnat d'Europe dure 5 jours, il a donc vraiment fallu être efficace, et pour les pilotes, qui ont fait un vol par jour, et pour les dix juges et assistants.

Comment expliquer que le niveau soit aussi élevé ?

W.G : Le savoir se répand beaucoup plus qu'avant. C'est toujours aussi difficile de s'entraîner mais, malgré tout, tout le monde y arrive. La qualité d'entraînement est élevée : le savoir circule en amont, les vols se font la plupart du temps avec un entraîneur et le débriefing vidéo ainsi que les moyens d'analyse en aval permettent vraiment des entraînements de qualité. Ce qui est impressionnant, c'est que les pilotes sont bons mais sont surtout très nombreux à atteindre un niveau très élevé.

P.V : La discipline est en pleine croissance, la France a toujours été leader avec les Russes et quelques grosses nations, c'est très dynamique. Ca commence par des compétitions de type biplace comme les Cap 10 qu'on va retrouver dans pas mal de clubs. Les candidats progressent sur ces machines et doivent se qualifier pour les étapes supérieures, ce qui n'arrive pas dans d'autres pays où ils peuvent se retrouver en compétitions internationales alors qu'ils ne sont pas au niveau tout simplement. En France, si on ne passe pas les différents niveaux de présélection, on ne peut pas aller plus loin.

Quel était votre état d'esprit à Niort ?

A.B : J'y suis allé avec l'état d'esprit libéré puisque ma sélection en équipe de France n'était pas conditionnée par mes vols. Donc c'était bien de pouvoir se lâcher un peu plus au niveau des vols.

W.G : Le championnat de France cette année n'était pas l'élément majoritaire de la sélection équipe de France, donc le stress était moins important pour les pilotes, il ne concernait qu'un individu ou deux, mais de façon générale c'était plus détendu que les autres années. Pour nous juges, c'était une reprise, puisque c'était la première fois qu'on notait depuis le début de l'année.

Comment s'est déroulé le championnat ?

A.B. : Le premier, le vol connu, se passe très bien, impeccable avec une bonne moyenne. Après j'ai un deuxième vol avec une moyenne plus faible. Et au troisième vol, j'ai inversé deux figures et je prends un zéro. De façon générale, mon résultat n'est pas terrible, mais ça vole bien.

B.M : Malheureusement le championnat de France monoplace à Niort, qui était mon premier championnat de France, ne s'est pas bien passé. On a volé le programme connu libre, nous étions 20 pilotes dans la catégorie National 1. Après le 1er vol, j'étais 7ème, c'était très serré mais c'était un vol correct, sans plus. Au 1er inconnu libre, j'ai fait une erreur, j'ai eu un zéro sur une figure mais beaucoup de pilotes ont eu un zéro voire deux donc j'étais toujours dans la course. Mais au deuxième vol, j'ai malheureusement eu deux pénalités de basse hauteur qui coûtaient chacune deux cents points, donc j'ai perdu à peu près 400 points sur des programmes qui en valent 3000 environ. J'ai donc perdu toute chance d'être dans les six premiers pour espérer avoir une place en équipe de France.

P.V : Les épreuves se sont déroulées du lundi au vendredi. Nous avons constaté un gros niveau en unlimited, Louis Vanel a été extrêmement régulier, Alexandre Orlowski a mis un peu plus de temps à entrer en compétition en prenant du retard sur son premier vol, qu'il a su bien rattraper en arrivant finalement second. Mika Brageot quant à lui a été bien régulier également. Côté advanced, Bastien Leroux, qui est techniquement très fort mais n'avait pas pu se qualifier l'an passé en équipe de France, est arrivé très décidé et cela a bien fonctionné. Les autres résultats suivent avec une équipe Advanced qui va être assez renouvelée cette année. En excellence, ils ont été quatre à avoir 70% des points, donc à pouvoir prétendre intégrer le niveau Unlimited.

La gestion du stress en compétition, toujours en cause ?

A.B. : Je ne suis pas quelqu'un qui stresse énormément, et il faudrait peut-être d'ailleurs que j'en ai un peu plus. C'est peut-être aussi un problème de concentration.

B.M : Pour moi, c'est surtout de savoir gérer l'énergie. L'avion que j'utilise, je ne le maîtrise pas encore complètement. Même si c'est un monoplace avec un gros moteur, cela veut pas dire qu'on peut faire n'importe quoi et tirer comme un fou furieux sur le manche. Pour moi le fait d'avoir démarré avec le planeur est un atout, mais que je n'ai pas encore complètement transformé. Même si le facteur chance joue beaucoup en compétition, il faut que je sois encore plus carré dans la préparation. Il faut se lever tôt avant de gagner !

P.V : A chaque compétition, on voit que certains concurrents oublient une voire deux figures de leur programme et ne s'en rendent pas forcément compte. Ils continuent leur enchaînement, ce qui fait deux zéros au programme et ça coûte rapidement pas mal de places.
Côté juges, au bout du 40ème candidat de la journée, il faut rester très concentré.
Ce qu'il est important de voir aussi, c'est la solidarité malgré les enjeux et la pression. C'est quand même un sport solidaire où l'on peut voir un compétiteur prêter son avion à un autre en cas de panne technique.

Quelles sont les leçons à tirer du championnat de France à Niort ?

A.B. : On apprend toujours de ses erreurs. Si c'était à refaire et avec le recul, je ferais peut-être plus de préparation. Je vais mettre tout ça en oeuvre pour les championnats du monde.

B.M : La conclusion est à la fois négative et positive. J'ai appris que j'étais capable de me mettre dans le rouge assez rapidement, en tout cas de ne pas me mobiliser suffisamment, peut-être de mettre trop de concentration sur certaines parties du pilotage de l'avion, qui n'était pas très efficace d'ailleurs, et d'en oublier certaines règles sur le conditionnement dans le box. Le positif, c'est que c'était ma première année, donc tout est encore possible.

P.V : Pour moi, c'est un très bon cru, l'organisation a été très bonne également. Dans l'ensemble, il n'y a pas de surprise. Ce qui compte, c'est la régularité. Et quelqu'un qui a été régulier, comme Louis Vanel, remporte le championnat.

Quelles sont vos pronostics pour l'Afrique du Sud ?

A.B. : C'est ma première sélection en tant que titulaire en équipe de France, donc je vais essayer de faire du résultat, de ne pas faire de zéro. Avoir des résultats au sein de l'équipe de France et au niveau international, ce serait intéressant.

W.G. : Il y a un très bon niveau et de fortes chances pour qu'il y ait un très bon résultat en Afrique du Sud. Après, on ne sait jamais ce qu'ont fait les autres, ce n'est parce qu'on a un très bon niveau que tout est forcément gagné d'avance. Les Français restent favoris dans l'idée, mais le travail reste à faire. Le convoyage des avions a aussi pénalisé l'entraînement des pilotes, cela va donc jouer.

B.M : La France a un très très bon niveau, avoir un niveau correct à l'échelle nationale implique donc un bon niveau à l'international. C'est bien d'être dans un pays où il y a toute cette dynamique et des formateurs de bon niveau. C'est sûr que cette année encore, il va y avoir de bons résultats.

P.V : Les championnats de Niort ont été un très bon entraînement pour les championnats du monde à venir. Hâte de découvrir les résultats.
 
 

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