Eric Vazeille, en route pour le championnat d'Europe de voltige

Propos recueillis par Igor Biétry
le 28/07/2016 ,
Eric Vazeille, l'entraîneur de l'équipe de France de voltige aérienne « Unlimited », s'apprête à partir pour les championnats d'Europe en Tchéquie. A cette occasion, nous avons fait le point depuis sa prise de fonction et la rafle des titres lors du championnat du monde en 2015 à Châteauroux.

Vous êtes en pleine préparation du championnat d'Europe qui se tiendra du 19 au 28 août à Moravska Trebova (Tchéquie). Comment se prépare cette échéance ?

Nous sortons du dernier stage en France avant la compétition. Il se déroulait à Epernay dans des conditions particulièrement difficiles et, du coup, très intéressantes. Il faisait très chaud et le box d'Epernay avait causé pas mal de soucis lors du championnat de France l'an passé : les champs de travers et les pistes croisées avaient été compliqués à gérer. Le box est à peu près du même type que celui que nous retrouverons pour les championnats d'Europe en Tchéquie. Du coup, nous avons beaucoup travaillé les vols au « timing » pour faire abstraction de ces difficultés de repérage. Je constate avec satisfaction que la motivation est très importante et que le fait d'avoir le champion du monde en titre dans l'équipe tire le niveau vers le haut. Alexandre Orlowski, le champion en titre, est une sorte de diapason pour le reste de l'équipe et l'émulation est permanente. Les échanges d'infos sur le box, le vent et globalement les conditions de vol sont productifs au sein de l'équipe même si la compétition en interne est permanente.

Ça ne doit pas être très facile de se remotiver sur le championnat d'Europe alors que l'on a tout gagné l'année d'avant, au championnat du monde en France. Comment gérez-vous ?

C'est vrai que d'avoir tout gagné lors du championnat du monde à Châteauroux l'été dernier était un moment particulier. Il faut retrouver la motivation et remotiver l'équipe pour une échéance qui est moins prestigieuse de fait. Ce qui est intéressant, c'est d'aborder cette compétition avec un nouveau système de compétition, avec le nouveau « connu-libre » et les trois programmes inconnus. Le programme inconnu favorise ceux qui ne peuvent pas trop s'entraîner, « bachoter » leur programme. Il faudra donc être très vigilant.

Du côté des féminines, tout reposera sur les épaules de Bénédicte Blanchard puisque cette année elle sera la seule féminine de l'équipe. Cela ne vous inquiète pas de voir que derrière, il n'y a pas grand monde ?

Aude Lemordant a choisi de faire un break cette année ; nous en avons longuement parlé ensemble. Elle avait fait une grosse saison l'an passé malgré des problèmes de santé en début d'année. C'est un choix courageux, mais je suis sûr qu'elle va revenir encore plus forte en 2017 pour défendre son titre de championne du monde. Elle est l'une des très rares femmes à se battre au niveau des hommes. C'est vrai que nous ne sommes plus dans les années 90 où l'équipe comptait cinq femmes, les Russes également et quatre féminines se battaient sous les couleurs américaines. Aujourd'hui, elles ne sont plus que cinq sur l'ensemble des équipes du championnat du monde. Nous sommes dans une période creuse. Mais j'ai pu constater avec beaucoup de joie, lors de la Villeneuve Cup et la Coupe Sud, que plein de jeunes filles sont là et ne demandent qu'à progresser. Ce qu'il faut ensuite, c'est l'argent, la motivation, et la volonté de faire de la voltige sa priorité.

Puisque vous évoquez le sujet de l'argent, nous voyons que plusieurs partenaires viennent de se faire connaître ; c'est plutôt une bonne nouvelle.

Effectivement des équipes réunissent de nouveaux annonceurs, mais pour l'équipe ça ne change pas grand-chose car la Fédération doit faire face à une baisse de subventions. Les annonceurs comblent finalement ce qui ne nous est pas donné par ailleurs. Nous devrons aussi apprendre à gérer les engagements des uns et des autres auprès des partenaires. Ce sera un travail de concertation pour évoluer vers un compromis entre tous les partis.

Vous formez un vrai binôme avec Jérôme Houdier, le manager de l'équipe « Unlimited ». Comment se passe cette relation ?

C'est un vrai plaisir de travailler ensemble. Nous avons la même façon de voir les choses. Il est très apprécié au sein de l'équipe car il est aux petits soins avec chaque pilote. Il gère toute la logistique et la mise en place des box. Comme il est juge international, j'aime échanger avec lui pour utiliser justement son regard de juge. Nous sommes très complémentaires en fait. Il est une clé de la réussite de l'équipe de France. Nous travaillons aussi avec le DTN [directeur technique national, ndlr] Loïc Logeais qui nous laisse une grande latitude de travail. Nous avons notamment beaucoup échangé à propos du mode de sélection de l'équipe de France. Il tenait à ce que les résultats du championnat de France soient prédominants dans la sélection. Nous devons aussi avoir la capacité d'ouvrir au maximum les possibilités pour donner la chance à de nouveaux voltigeurs.

Revenons au championnat d'Europe. Quelles sont les équipes qui vont poser des problèmes à la France ?

En fait, je ne pense pas que ce soit des équipes qui vont nous poser des problèmes mais des individualités. Mikhail Mamistov (Russie), Castor Fantoba (Espagne) et Gérard Cooper (Angleterre) sont les « gros clients » de ces championnats d'Europe. Soyons clair, l'équipe de France dispose d'une force de frappe beaucoup plus importante que l'ensemble des autres équipes, que ce soit d'un point de vue financier ou des moyens financiers. Avant c'étaient les Russes, mais depuis que Sukhoï ne fabrique plus d'avion, ils se retrouvent avec 1 avion pour 10 pilotes ! Les seuls Russes que l'on voit sont en « Advanced » et volent sur leurs propres deniers. L'équipe « Unlimited » ne se renouvelle pas.


Le Journal de l'Aviation suivra de près les prouesses de l'équipe de France dont vous pourrez retrouver les résultats dans ces colonnes.
 
 

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