La réinvention dans toutes les dimensions par AccentureMagali Rebeaudle 15/06/2023 , Industrie & Technologie A quelques jours du 54ème salon du Bourget et après quatre ans d'absence, en raison de l'annulation de l'édition de 2021, l'émulation et le plaisir des retrouvailles, conjugués à la reprise du secteur civil, suscitent déjà un certain enthousiasme.
Portés par une reprise du trafic sur tous les continents, les résultats de 2023 sont déjà annoncés équivalents à ceux de la pré-pandémie. Le chiffre d'affaires de l'aviation civile devrait augmenter de 14% et cette industrie renoue avec les bénéfices en enregistrant des gains de 5 milliards de dollars cette année, contre des pertes de 7 milliards pour l'année 2022. L'optimisme ambiant s'accompagne toutefois de difficultés et de défis à relever, avec entre autres les problèmes dans la chaine d'approvisionnement et les tensions géopolitiques qui les intensifient. Selon Accenture, quatre grandes tendances se dessinent à un horizon proche. Se réinventer « Le secteur aéronautique est actuellement en convalescence. Alors pour ne pas rester en rémission, il doit indéniablement se réinventer », estime Jean-Luc Brincourt, directeur exécutif aéronautique et défense au sein d'Accenture. Aujourd'hui, la demande de nouveaux appareils pour soutenir le rebond des transports aériens est forte. Et il faut renouer, et même dépasser, les cadences de production d'avant la période « Covid », dans un contexte économique turbulent. « Or, en plus des tensions sur les chaines d'approvisionnement, les industriels du secteur font face à un autre défi de taille qui est celui du manque de talents. L'Europe ne produit pas assez d'ingénieurs, beaucoup moins que les autres continents », souligne Jean-Luc Brincourt. Les dirigeants du secteur doivent donc trouver de nouvelles stratégies à mettre en oeuvre. La bonne nouvelle est que les nouvelles technologies digitales arrivent au coeur de l'industrie aéronautique, dans ses produits, ses méthodes de conception et d'industrialisation. Ces technologies s'immiscent également dans tous les services qui les entourent, alimentées notamment par l'intelligence artificielle, les données et l'avènement de nouvelles plateformes plus puissantes et plus agiles à activer. Loin de se substituer à l'humain, le digital fait naitre de nouveaux standards, autour d'une nouvelle collaboration « humain-IA ». Un coworking qu'il faudra bien évidemment gérer avec responsabilité... Le digital L'intelligence artificielle déclenche un engouement planétaire. Chacun peut constater le potentiel innovant de cette technologie et ce qu'elle peut apporter. « Dans le secteur aéronautique, l'intelligence artificielle peut intervenir partout. Dans la supply chain par exemple, pour identifier les signaux faibles annonciateurs de ruptures d'approvisionnement chez un fournisseur, ou au niveau de la qualité de production des avions et des équipements pour éradiquer les micros défauts au plus tôt, évitant ainsi de lourdes activités de reprises plus tardivement dans le cycle de production. Elle peut aussi agir dans les cockpits afin d'assister les pilotes pour encore plus de sécurité et de souplesse des vols pendant les diverses phases de navigation... L'IA vient à point nommé pour aider à compenser le potentiel futur manque de talents. En se mettant par exemple au service des ingénieurs et des techniciens, ou des inspecteurs qualité dans les ateliers, pour faire face à l'augmentation de cadences et à la réinvention des avions de demain encore plus responsables vis-à-vis des enjeux climatiques », poursuit Jean-Luc Brincourt. Cette utilisation de l'IA devra être accompagnée dans sa mise en place, afin de créer le meilleur binôme Humain+Machine. Elle représente une opportunité pour développer de nouvelles compétences pour les talents et libérer la créativité humaine, en focalisant les collaborateurs sur des tâches moins laborieuses et ayant plus de sens. L'introduction de l'IA, qui apprend d'elle-même, nécessitera également une réinvention des méthodes de certification, pour garder la maitrise et la responsabilité indispensable à l'introduction de ces blocs technologiques dans l'aéronautique. Ce sont ainsi de vastes champs d'études qui s'offrent aux nouveaux ingénieurs et talents qui rejoignent le secteur aéronautique. La digitalisation impacte tous les domaines et toutes les fonctions. Et le cloud devient un impératif, plus seulement pour les directeurs informatiques, mais aussi pour les responsables opérationnels qui travaillent dans des contextes de plus en plus volatiles et avec une plus grande diversité d'informations et de données. Leurs besoins de planifier, de simuler et de décider pour réagir de façon dynamique dans ces environnements n'est possible qu'au travers de plateformes digitales de plus en plus puissantes et faciles à activer et à appréhender. Les questions de sécurité constituaient jusqu'ici un frein à l'adoption de la technologie cloud, mais l'apparition de nouvelles plateformes sécurisées permet aujourd'hui d'apaiser ces craintes. Au Royaume-Uni par exemple, le groupe Leonardo a récemment annoncé être la première grande entreprise de défense à migrer des parties essentielles de son infrastructure vers le cloud. Image © Leonardo Même s'il y a encore certains blocages, on est en droit de penser que l'avion pourrait aussi, dans un futur pas si lointain, transmettre en permanence ce qu'il est en train de vivre, plutôt que d'enregistrer ces données dans une boite (noire) parfois difficile à retrouver et à décoder... Le cloud devient alors « concret ». Des questions de souveraineté, de sécurité, vont évidemment se poser ; les fournisseurs de ces solutions étant américains. Mais on le sait désormais, on ne peut se priver de cet accélérateur. La souveraineté La souveraineté industrielle a plusieurs facettes, tels que la dépendance des chaines d'approvisionnement et l'accès aux talents qui permettent l'accélération de la transition énergétique et l'intégration du digital et de la donnée. L'enjeu de l'accès aux talents est amplifié par la rétention de ces derniers. En effet, selon l'Aerospace Industries Association (AIA) et l'American Institute of Aeronautics and Astronautics (AIAA), le taux de rétention des salariés devient un défi de plus en plus complexe à relever. Ne serait-ce qu'aux États-Unis, le turnover dans le secteur de l'aéronautique et de la défense a accusé une hausse de 7,1 % en 2022. De ce point de vue, l'esprit filière que l'aéronautique européenne possède et entretient est un « plus » que le Salon du Bourget soulignera sans aucun doute. L'attraction de talents digitaux qui combinent la maitrise des sciences de l'ingénieur, avec les nouvelles disciplines du digital, devient la condition sine qua non à la croissance des entreprises aéronautiques. Le développement durable Autre sujet clef qui s'invitera bien évidemment au coeur de ce salon : le développement durable. À l'heure où l'on estime que le nombre de passagers aériens devrait quasiment doubler au cours des vingt prochaines années, entraînant une envolée de la consommation de carburant et donc une hausse des émissions de CO2, le développement durable s'impose comme la grande priorité (et la grande responsabilité) des entreprises aéronautiques. Comment atteindre l'objectif ambitieux d'une industrie aéronautique neutre en carbone d'ici à 2050 ? La lutte contre ces émissions se tient sur plusieurs fronts. Elle implique de s'attaquer simultanément à la décarbonation de l'approvisionnement énergétique (SAF, hydrogène, électricité), mais aussi à de nouvelles technologies embarquées (pour rendre les produits compatibles avec ces sources alternatives au kérosène) ; ainsi qu'à une réinvention des opérations aéroportuaires et de la gestion des vols et de leurs trajectoires. La plupart des technologies ne sont qu'en cours de développement et d'importantes étapes restent à franchir pour arriver à leur certification et à leur déploiement sur des flottes commerciales. Pour Jean-Luc Brincourt, « nous devons réellement accélérer cette transition écologique qui représente une enthousiasmante opportunité de transformation pour tous les acteurs de la filière ». La réinvention des produits devra être menée de front avec une accélération des cadences. En effet la flotte mondiale compte environ 25 000 avions, dont 2/3 ont plus de trente ans, avec des taux d'émission de CO2 beaucoup plus hauts que les générations actuelles.La forte demande de mobilité aérienne,combinée avec le sens de responsabilité vis-à-vis de notre planète, exige donc de mettre au point de nouveaux avions dans les quinze ans à venir. Mais aussi d'augmenter les cadences de production des générations d'avions actuels, tout en améliorant ceux d'anciennes générations, lors de leurs visites de maintenance. Le domaine de la MRO (maintenance, repair and overhaul - maintenance, réparation et révision) est un point stratégique dans le développement durable (allègement, réduction des consommations...) Le parcours qui mène à la durabilité doit en fait répondre à une approche globale et être intégré à chaque étape de la production et de la livraison de produits et services. C'est ce que mettront en évidence les présentations d'Accenture durant le salon du Bourget. « Nos démonstrations de solutions concrètes ont été conçues spécifiquement pour l'industrie aéronautique. L'objectif est de démontrer que les technologies digitales sont un moyen fondamental pour atteindre les objectifs de développement durable des acteurs de la filière, tout au long du cycle de vie de leurs produits et de leur chaine de valeur », explique Julien Legrand, directeur marketing Aerospace & Defense chez Accenture. Ce sont toutes ces dimensions de la réinvention qui seront présentées par Accenture du 19 au 22 juin prochains, dans leur chalet du salon du Bourget. |
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