Le Boeing 737 MAX au coeur des préoccupations du dernier Bourget

Romain Guillot
le 25/06/2019 , Aviation civile
Il n'était pas là mais il était pourtant au coeur de nombreuses discussions durant cette 53e édition du Salon du Bourget. Le 737 MAX de Boeing fut surtout un grand sujet d'interrogations pour l'ensemble du secteur, alors que le programme reste immobilisé depuis la mi-mars et que les perspectives d'un retour en service restent pour le moins nébuleuses.

Il y eut bien sûr cette annonce de commande surprenante du groupe IAG, alors que l'on en attendait une autre, avec un coup qui ressemble à s'y méprendre à l'opportunisme de Michael O'Leary (Ryanair) quand Boeing subissait de plein fouet les conséquences du 11 septembre 2001. Ce qui est sûr c'est qu'IAG va bénéficier des nouveaux appareils avec un rabais défiant toute concurrence, l'avionneur américain venant surtout combler l'important trou laissé par la faillite de la compagnie indienne Jet Airways ces derniers mois. Quant à Airbus, il est de notoriété publique que la priorité est aujourd'hui à l'augmentation de la valeur du carnet de commandes de ses monocouloirs, l'avionneur européen n'ayant finalement strictement aucun intérêt à brader ses prix et encore moins dans le contexte actuel.

Mais la crise du 737 MAX interroge surtout au niveau des divers mécanismes de compensation probablement imaginés par Boeing vis à vis des opérateurs fortement impactés par l'immobilisation de leurs appareils ou par le report des livraisons attendues. Car il serait illusoire de penser que la totalité des indemnités réclamées par les compagnies aériennes sera payée en cash, l'avionneur américain ayant bien sûr d'autres leviers pour assouvir les besoins de ses clients, par exemple en réduisant tout simplement ses marges sur d'autres appareils de sa gamme. En clair, les prochaines annonces de 787 et 777X émanant de clients, ou de pays, impactés par le 737 MAX, seront particulièrement lourdes de sens et au détriment logique des avions gros-porteurs d'Airbus.

Un autre levier de compensation, plus discret cette fois, peut aussi venir des activités services de Boeing, qui pourront aussi bien toucher le training que les problématiques de soutien et de maintenance des appareils, en concurrence frontale cette fois avec les « Airline MRO ». Leur part de marché pourrait ainsi venir s'éroder par rapport à l'équilibre trouvé sur le 737NG.

Pour le moment, l'ensemble des acteurs de la filière aéronautique s'est clairement montré empathique et solidaire des difficultés que rencontre l'avionneur américain. Mais on l'aura compris, cela pourrait ne pas durer.
 
 

Partager cet article :

 

Dans la même thématique

Boeing 737 MAX IAG Bourget 2019

 

l'actualité aéroNAUTIQUE à LA UNE