Du Dakota à l'Atlas, les avions du Touraine

Helen Chachaty
le 13/06/2019 ,
Héritier de deux escadrilles de bombardement de la Première guerre mondiale, l'escadron de transport « Touraine » prend son nom de baptême en janvier 1944 au Maroc et fête son 75ème anniversaire ce 14 juin sur la BA 123 d'Orléans, maison mère du « Touraine » depuis 1946.

Les traditions de l'escadron remontent à la Première Guerre mondiale, avec la reprise des insignes des escadrilles VB101 et BR113, spécialisées dans le bombardement de nuit et l'attaque de ballons d'observation à bord d'avions Voisin. Regroupées en 1918 au sein du groupement de nuit Laurens, les unités donnent naissance au groupe de bombardement 1/15 en 1935, volant sur Bloch 200 et Farman 221/222. Lors de la bataille de France, le groupe de bombardement effectue notamment des largages de tracts au-dessus de l'Allemagne, avant de passer au largage de nuit de bombes. L'unité est dissoute en 1940 et re-créée en groupe de transport.

Le « Touraine » reçoit son nom de baptême en janvier 1944 au Maroc, au sein des Forces françaises libres. A cette période, les Lioré, les Olivier LeO 451, « des vieux Bloch » et les Farman affichent une faible disponibilité, pour des missions principalement tournées autour de l'entraînement, le tractage de cibles et le transport « vers les colonies d'Afrique et Djibouti », selon des documents d'archive internes. Les choses changent rapidement, puisque le « Touraine » réceptionne ses premiers Douglas C-47 Dakota en septembre de la même année, « donnés par l'armée américaine ».

Le retour en France s'effectue en décembre 1944, à Valence, depuis laquelle le groupe de transport effectue des missions de ravitaillement, de parachutage, d'évacuations sanitaires, mais également, à partir de juin 1945, des missions de rapatriement de prisonniers de guerre d'Allemagne, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie. Le bilan en un mois d'opérations de 2 694 personnes rapatriées à bord des Dakota.

L'installation définitive à Orléans-Bricy s'opère en fin 1945. L'année suivante est marquée par les opérations vers l'Indochine. Si le « Touraine » n'est pas déployé, ses avions seront mis à disposition, aussi bien au profit d'autres escadrons, français ou britanniques, pour des missions de transport et de parachutage.

Le Noratlas 2501 fait son entrée dans l'inventaire du 1/61 en 1953. Indéniablement plus performant que le C-47, l'avion de transport effectue par exemple en 1956 une traversée du globe pour rejoindre l'Australie, « ouvrant ainsi une nouvelle ligne pour le Groupe militaire de moyen de transport aérien ». La même année, les Noratlas participent aux opérations lors de la crise du canal de Suez, toujours en assurant des missions de ravitaillement et de parachutage, et effectuant même quelques missions plus discrètes dans le Sinaï.

La fin des années 1960 est marquée par l'arrivée du C160 Transall et la multiplication des missions humanitaires. L'escadron est la première unité à recevoir l'avion de transport de conception franco-allemande, qui sillonnera les airs de la Jordanie au Pérou, en passant par le Cambodge, et un certain nombre de pays africains. L'ET 1/61 participera également activement aux opérations extérieures, Zaïre, Tchad, Mauritanie, Liban, Koweït, Bosnie... Plus récemment, les avions de transport se sont illustrés au-dessus de l'Afghanistan, dès 2001, en Côte d'Ivoire en 2004, ainsi qu'au-dessus de la Libye dans le cadre de l'opération Harmattan en 2011, dernière opération extérieure des C160 du Touraine, avant la mise en sommeil de l'unité en août 2012.

L'escadron 1/61 « Touraine » est réactivé en septembre 2014, un an après la réception du premier A400M au sein de l'armée de l'air. Sur les 50 avions annoncés, 15 ont déjà été livrés, le dernier a rejoint la base d'Orléans en avril dernier.
 
 

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