Avec la multiplication des déconfinements progressifs un peu partout sur la planète, le mois de mai va être synonyme d'un certain redémarrage des opérations pour de nombreuses compagnies aériennes, tout du moins pour une partie rudimentaire de leurs programmes de vols intérieurs. Les gestes barrières resteront évidemment de mise et des mesures sanitaires vont désormais être imposées aux passagers tout au long de leur parcours, que ce soit à l'enregistrement, à l'embarquement, à bord et au débarquement.
Parmi les mesures les plus simples et déjà adoptées par beaucoup de transporteurs figurent évidemment le port du masque obligatoire, la réduction du nombre de bagages en cabine et la limitation des interactions entre le personnel navigant et les passagers, c'est-à-dire la suppression des services à bord.
Certaines autorités de l'aviation civile vont même plus loin en imposant temporairement, mais strictement, la distanciation sociale à bord (on devrait dire distanciation physique), avec la neutralisation des sièges « du milieu » en classe économique (un tiers de capacité en moins sur un monocouloir, la moitié sur un avion régional...) ou la non-commercialisation de certaines rangées situées trop près des offices. Cette mesure n'est pas en vigueur en France, mais seulement conseillée, ce qui a d'ailleurs hélas permis à beaucoup de venir crier haro sur Air France suite au malheureux vol d'une journaliste en mal de scoop il y a quelques jours.
Maintenir la distanciation à bord, autant que possible, est une bonne idée. Mais l'imposer est tout simplement le signe d'une méconnaissance du transport aérien qui ne se privera pas, au mieux de répercuter l'important manque à gagner sur le prix des billets, au pire de tout simplement mettre fin à ces vols qui ne pourront être rentables.
Finalement, la distanciation physique à bord d'un avion c'est un peu comme une autre forme de distanciation sociale. L'espace physique a toujours été vendu plus cher par les compagnies aériennes et l'histoire a montré, à de très rares exceptions près, que les compagnies exclusivement premium ne duraient généralement pas très longtemps. Le transport aérien est déjà clairement suffisamment en crise pour venir encore lui rajouter du plomb dans l'aile.
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