La reprise de Corsair par le groupe Intro Aviation va donner à la compagnie un élan qu'elle attend depuis longtemps. Cela fait quatre ans que Corsair est en vente mais jamais, depuis qu'elle appartient au groupe TUI, elle n'a profité d'un tel engagement de son actionnaire.
« C'est le basculement de Corsair dans un monde nouveau », a affirmé Pascal de Izaguirre, son président, qui se sent libéré du « carcan de TUI ». La compagnie se retrouve en effet à voler de concert avec un spécialiste du transport aérien, intéressé par le transport aérien, et agile - quand TUI est résolument tourné vers le tourisme, ne voyait aucune synergie possible avec Corsair et ne voulait donc pas lui consentir le moindre investissement puisque le seul projet était de s'en débarrasser. Jusqu'alors condamnée à l'immobilisme, la compagnie se rêve désormais un avenir en croissance.
Les premières mesures ont été immédiates. Intro Aviation estimant qu'il est impossible d'avoir une activité viable avec deux types avion dans une flotte de sept modules, un contrat d'acquisition de trois A330neo a été conclu la semaine dernière pour permettre la sortie des trois 747-400 d'ici 2021. Il ne devrait pas s'arrêter là, l'objectif étant de remplacer chaque 747 par deux A330-900. Quant à la restructuration du réseau, elle est déjà en cours et une nouvelle montée en gamme est entérinée.
Très important, Intro Aviation semble également avoir mis le personnel dans sa poche en lui accordant une participation de 20% dans la holding qui détient Corsair et en s'engageant à ne réduire ni les effectifs ni les salaires durant deux ans. Le groupe ne cache pas qu'il espère motiver encore davantage les troupes pour réussir la croissance.
Reste à voir combien de temps cet état de grâce va durer. Intro Aviation est en effet un groupe spécialisé dans l'achat, la restructuration et la revente rapide des compagnies aériennes. Deutsche BA, LTU, Intersky et Cityjet sont toutes passées entre ses mains et n'y sont pas restées plus de trois ans.
Trois ans, c'est également le temps sur lequel il s'est engagé auprès de Corsair. Mais Peter Oncken, son PDG, veut rassurer, jure que le projet Corsair est différent et affirme se projeter sur le plus long terme. Si la restructuration fonctionne, aucun doute que la compagnie conservera son intérêt et qu'il songera sérieusement à acquérir la participation de TUI (27%). Sinon, l'incertitude et l'immobilisme liés à une nouvelle mise en vente pourraient de nouveau s'imposer. Mais en attendant, Corsair s'est acquis trois ans de stabilité.
Emilie Drab
Rédactrice en chef adjointe Aviation civile, Transport aérien