Le gel de la production du 737 MAX vient conclure une « annus horribilis » pour Boeing

Romain Guillot
le 17/12/2019 , Aviation civile
La mise à l'arrêt de la production du 737 MAX dans quelques jours est encore une mauvaise nouvelle pour le programme de monocouloirs de Boeing, mais cette mesure temporaire était bien évidemment attendue depuis quelques mois déjà, conséquence d'un calendrier de remise en service repoussé d'un mois tous les mois depuis l'été dernier.

En toute logique, les déboires de la quatrième génération de 737 pèseront très lourdement sur les résultats de Boeing et 2019 sera assurément l'une des pires années jamais vécues par l'avionneur de Seattle. De plus, le 737 MAX n'est pas le seul programme qui aura rencontré d'importantes difficultés cette année, le 777X connaissant aussi un important décalage sur son calendrier initial. La livraison du premier 777-9 était initialement prévue pour l'année prochaine, mais le démarrage de la campagne d'essais en vol n'est toujours pas définitivement fixé, impacté par les difficultés de mise au point du GE9X de General Electric. Pour ne rien arranger, 2019 fût aussi marquée par les multiples problèmes rencontrés sur les KC-46A de l'USAF ou encore par les criques apparues au niveau des « pickle forks » sur un nombre assez important de 737NG à mi-vie.

Mais il semble cependant nécessaire de rappeler que Boeing est un groupe aéronautique solide et très diversifié. Et quand bien même cette année peut être qualifiée de véritable « annus horribilis » pour l'éternel concurrent d'Airbus, sa situation financière ne peut encore être comparée à celle qu'il avait connue au début des années 70 avec la crise du 747, une crise qui avait bien failli définitivement le faire disparaître à tout jamais, conséquence des problèmes d'ovalisation des JT9D à leur début et à l'environnement économique qui n'était pas favorable au décollage du très coûteux Jumbo Jet.

Bien sûr, le programme 737 MAX subit toujours une importante pression de la part des opérateurs clients qui sont grandement impactés par l'impossibilité d'utiliser leurs appareils déjà en flotte ou qui ne peuvent être livrés. Mais maintenant l'arrêt temporaire de la production va désormais mettre aussi une pression immense sur les très nombreux acteurs de la supply-chain, une situation forcément bien plus complexe et qui ne pourra perdurer très longtemps sans engendrer une crise industrielle majeure.

Oui, la crise qui touche la famille 737 MAX est historique et les enjeux à court terme sont assurément très importants. Mais venir imaginer que cette crise va précipiter Boeing à lancer un successeur de ses monocouloirs, comme s'empressent déjà de le faire certains, est tout simplement une sorte de raisonnement par l'absurde. Il faudra dix ans pour mettre une famille d'appareils entièrement nouvelle sur le marché et ce n'est clairement pas ce que veut Boeing aujourd'hui, et encore moins ses nombreux clients.
 
 

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