L'inexorable recul de l'aéro-diversité européenne

Emilie Drab
le 01/10/2019 , Compagnies aériennes régulières
Sept faillites dont quatre en deux semaines : 2019 semble partie pour coûter aussi cher que 2018 aux compagnies aériennes européennes. Germania avait ouvert le bal des disparues dès février, suivie de près par flybmi puis Wow Air en mars. L'arrivée de la saison été, la plus rentable, a offert un bref sursis au transport aérien du Vieux continent avant que l'hécatombe ne reprenne de plus belle en septembre.

Aigle Azur, Thomas Cook UK, Adria Airways ont désormais quitté le ciel pour entrer dans les livres d'histoire. Condor et Thomas Cook Scandinavia ont réussi à s'extirper du tourbillon créé par leur maison-mère mais pour combien de temps ? Toutes n'ont pas failli pour les mêmes raisons. Des manquements dans la gestion ont précipité la chute des deux premières, la compagnie slovène n'a jamais réussi à redresser le nez après des années de pertes malgré une privatisation. Le sort de XL Airways, qui était parvenue à rester bénéficiaire plusieurs années dans un marché difficile, est encore en suspens pour quelques heures mais l'arrêt des opérations décidée lundi ne laisse que peu d'espoir de redécollage.

Celle-ci blâme la concurrence débridée qu'elle a subie. XL Airways se dit « depuis trois ans la compagnie la plus attaquée par des concurrents étrangers incroyablement déficitaires et soutenus depuis longtemps par leurs États », visant expressément Norwegian - elle-même en difficulté et qui dément être soutenue par l'Etat - et poussant le gouvernement à envisager de s'offusquer des règles de concurrence auprès de la Commission européenne.

Mais Norwegian ne fait pas tout. Ces faillites viennent remettre en mémoire tous les challenges que les compagnies européennes ont à surmonter lorsqu'elles n'appartiennent pas à un grand groupe qui peut réaliser des économies d'échelle. Incertitude liée au Brexit, volatilité des taux de change, retour de la hausse du prix du carburant, compensation des passagers, taxes écologiques, infrastructures contraintes et, surtout, surcapacité ne laissent presque aucune marge de manoeuvre aux opérateurs de taille moyenne. Les prédictions de Carsten Spohr, Michael O'Leary ou Willie Walsh sur la concentration imminente du ciel européen vers sa réorganisation en cinq grands groupes n'ont pas fini de se confirmer.
 
 

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