Pour sa 3e édition, Air Legend célèbre les batailles de France et d'Angleterre avec des avions d'exception

Propos recueillis par Emilie Drab
le 15/07/2020 ,
Pour sa troisième édition, Air Legend a choisi d'organiser son meeting aérien autour de deux thèmes : la célébration des 80 ans de la bataille de France et celle des 80 ans de la bataille d'Angleterre. Malgré le contexte particulier dans lequel s'organise la rencontre, les deux organisateurs Eric Janssonne et Thierry Marchand travaillent sans relâche depuis des mois pour plonger les visiteurs dans l'ambiance de 1940. Ils nous donnent un aperçu de ce travail et de ces résultats, que le public pourra découvrir les 12 et 13 septembre à Melun-Villaroche.

Quels seront les pièces d'exception du meeting aérien Air Legend ?

Eric Janssonne : Nous essayons de réunir un plateau qui corresponde aux thèmes choisis donc, cette année, pour les 80 ans de la bataille d'Angleterre et de la bataille de France, il y aura beaucoup de Spitfire, un certain nombre d'Hurricane et quelques machines anglaises plus rares. Nous aurons notamment le seul et unique Bristol Blenheim qui vole au monde ou le Westland Lysander, dont seuls quatre exemplaires volent à ma connaissance. Evidemment, nous présentons tous les protagonistes de cette période donc nous aurons aussi la présence de machines allemandes et espagnoles de 1940.

Il a été extrêmement dur d'évoquer la bataille de France car, malheureusement, les machines qui y ont participé ont été détruites, souvent après-guerre, donc il en reste assez peu, même dans les musées. Mais nous aurons la chance d'avoir le dernier qui l'a faite, le Curtiss H-75, qui provient d'une collection anglaise, ainsi que la version suisse du Morane 406 - le seul et unique Morane 406 en état de vol au monde. Une troisième machine viendra l'évoquer, un Hurricane de la Royal Air Force qui a fait la bataille de France et la bataille d'Angleterre et qui a une histoire incroyable : son pilote a été touché et s'est posé en bord de rivage, l'avion est resté dans le sable jusqu'à être récemment retrouvé. Il a été restauré et vole à nouveau. Nous pourrons donc proposer une patrouille de trois machines évoquant ou ayant participé à la bataille de France, ce qui est assez exceptionnel.

Nous aurons aussi sur le plateau des avions qui ont fait le reste de la Seconde guerre mondiale, comme le Catalina, qui va venir d'Angleterre et qui est le seul exemplaire qui vole en Europe - c'est toujours impressionnant pour le public de voir un hydravion de la Seconde guerre mondiale. Nous aurons un voire deux DC-3 ou C-47 Dakota, suivant les versions. Puis nous présenterons des avions post-1945 comme le Skyraider, qui s'est illustré en Algérie, au Vietnam et qui a volé longtemps dans l'armée de l'air française, ou le Cessna 337, qui s'est illustré au Vietnam, et deux Mustang.

Il y aura aussi des avions moins célèbres mais qui ont une histoire, entre autres le Stinson AT-19 Reliant qui va venir de Belgique et qui est à lui tout seul un musée volant : il a fait la bataille de Normandie (dont il porte les couleurs) et tous les événements de 1944 à début 1945. Et il est dans un état superbe ! Nous aurons aussi des machines d'entraînement comme le Boeing Stearman qui a formé des générations de pilotes alliés et son homologue allemand le Bücker Jungmann.


L'avion d'entraînement allemand Bücker Jungmann © J. Grandière pour Air Legend

Et comme tous les ans, il y aura une participation des forces aériennes françaises et nous prévoyons des effets de pyrotechnie sur un ou deux tableaux, avec des simulations d'explosion... Parmi les nouveautés, il y aura un largage de parachutistes.

Que pourront voir les visiteurs au sol ?

Thierry Marchand : Le matin, il y a la visite du parking avions où les visiteurs retrouvent les pilotes et les équipages. Une quinzaine de conférenciers sont présents et racontent l'histoire de l'aviation ou des pilotes, car chacun a son anecdote à partager.

Nous avons changé une chose par rapport aux autres années, c'est que nous avons aménagé une sortie qui se fait directement dans les camps de reconstitution, qui sont dans le thème du meeting. Là, les visiteurs replongent 80 ans en arrière ! Il y aura quatre camps qui présentent les conditions de vie de 39-45 : les gens sont équipés d'époque, mangent la même chose qu'à l'époque, font leur feu de bois, ont leur cantinière, plantent des tentes avec des piquets en bois... Tout est d'époque : les véhicules, les motos, les machines à écrire, les avions... Il n'y a rien de moderne, tout est banni. Lorsqu'il s'approche, le public peut assister à brief avant un vol ou un débrief, il y a une salle de réunion, une salle d'opérateur radio... C'est un vrai plongeon en arrière !


© erwangarel.com pour Air Legend

Nous avons aussi un podium et des structures pour accueillir nos vétérans. Cette année, ce sera plus compliqué : avec la covid, on ne se permet pas de faire prendre des risques à ces personnes, nous aurons plutôt des vétérans d'Indochine ou d'Algérie.

Pour les visiteurs, il y a un village enfants, de la restauration, des entreprises et un beau VIP, qui recevra jusqu'à 800 personnes par jour. Les VIP, nous les faisons venir par un moyen peu conventionnel : ils sont réceptionnés sur un parking privatif, puis emmenés sur le site avec un T45, les bus d'époque avec les plateformes à l'arrière. On leur propose un petit-déjeuner, une visite personnalisée du parking avion avant que le grand public ne se joigne à eux et l'après-midi ils sont en terrasse pour assister au spectacle aérien.

Il y aura aussi beaucoup d'exposants, au minimum une quarantaine, comme l'année dernière. La différence de cette année sera que beaucoup viennent d'autres horizons : des Britanniques, des Néerlandais, des Allemands, des Italiens... Air Legend commence à se faire une place à l'Européenne.

Pour la première fois, nous aurons également un groupe vocal féminin, les D-Day Darlings. Ce sera encore un plongeon en arrière. C'est un groupe qui a été formé il y a dix ans et qui est arrivé au sommet du box office britannique quand il a remporté le concours Great Britain's got talent en 2018.

Nous aurons par ailleurs une bonne dizaine de simulateurs de vol, accessibles gracieusement. Il y aura notamment du P47 - le concepteur a reconstruit un cockpit de P47 et les images défilent -, un simulateur d'A320 et un simulateur qui sera apporté par Airways College, qui vient de s'installer sur la plateforme de Melun-Villaroche et avec qui nous venons de conclure un partenariat.

La progression du nombre de visiteurs a été très importante entre la première et la deuxième édition d'Air Legend et le meeting devient de plus en plus international. Qu'est-ce qui fait son succès ?

Thierry Marchand : Déjà, nous nous remettons en question tous les ans : qu'est-ce qui a plu, qu'est-ce qui a déplu, et on corrige les erreurs de jeunesse. Ensuite, la thématique change chaque année, cela donne aux gens envie de revenir. La plateforme s'y prête aussi, elle est historique et très grande. Nous faisons venir des avions d'exception, ce ne sont pas des avions qu'on a l'habitude de voir sur un meeting. Le plateau aérien est très riche et renouvelé tous les ans. Voir un avion rare, c'est bien, mais en voir trois ou quatre, voire une formation, c'est un plus qui ne se voit pas ailleurs. On ne fait pas venir une seule pépite, on fait venir un collier de perles.


Le Bristol Blenheim Mk1 © Georges Romain pour Air Legend

Eric Janssonne : Je pense que c'est parce que nous avons une certaine manière de faire Air Legend. Le format existe déjà dans d'autres pays, notamment en Grande-Bretagne qui est très en avance sur nous. Nous récupérons des idées qui sont applicables en France. Il n'y a pas cette séparation entre les collectionneurs d'avions et les collectionneurs de véhicules anciens ou ceux qui font de la reconstitution. C'est un même monde vintage.

Notre meeting amène toujours une ligne pédagogique, ce n'est pas juste un défilé d'avions, ça évoque une période bien précise ou un fait historique précis, avec des experts qui échangent avec le public. Il y a une cohérence dans le programme, nous essayons toujours de faire un spectacle très précis, très pointu, en racontant une histoire. Certains avions ont été conçus d'une certaine manière, ce n'est pas pour rien mais pour des raisons historiques ou de ressources propres à chaque pays. Tout cela, on essaie de le faire comprendre. Et le spectacle au sol n'est pas toujours aussi poussé dans les autres meetings.

C'est pour cela qu'Air Legend ne pourra jamais non plus se faire sur n'importe quel aérodrome. Il faut un aérodrome qui a une certaine histoire, un certain cachet. C'est le cas de Villaroche. Dans certaines zones, on a l'impression que le temps s'est arrêté, on est replongé sur une base alliée de la Seconde guerre mondiale ou dans le centre des essais en vol des années 50, 60, où l'industrie aéronautique française s'est relevée. Quand vous êtes sur un terrain comme celui-là, où le temps s'est arrêté, qui a un certain cachet, et des machines un peu exceptionnelles, de la reconstitution, des véhicules d'époque, vous avez un musée vivant pas si courant.

Comment organise-t-on un meeting dans un contexte pareil de pandémie ?

Eric Janssonne : Vu que les machines viennent de toute l'Europe, il a été assez compliqué de maintenir un plateau. Il y a eu très peu d'annulations et, heureusement, nous travaillons avec des personnes très professionnelles qui essaient de trouver des solutions pour amener d'autres avions quand certains ne peuvent plus venir. La difficulté, c'est de maintenir une certaine cohésion avec le thème qu'on a défini. Mais nous aurons un plateau de très haut niveau.

Thierry Marchand : Nous avons continué à travailler tout le printemps à l'organisation du meeting mais c'était compliqué et nous n'avons eu le feu vert préfectoral que mi-juin. Nous avons peu de défections, seule une association ne viendra pas parce qu'elle n'est gérée que par des personnes relativement âgées. C'est compliqué d'organiser un meeting en ce moment, il faut être très motivé. Mais nous avons de très bons retours : tout le monde veut ce meeting, ce sera l'un des rares et des plus exceptionnels.

Eric Janssonne : Et nous avons un grand soutien des collectivités locales ; la préfecture, la gendarmerie, la police sont à nos côtés et sont de très bon conseil. Nous avons également une page covid, ce qui permet aux visiteurs d'être rassurés, de voir ce que nous mettons en place pour leur sécurité.

Attendez-vous malgré tout une baisse de la fréquentation cette année ?

Thierry Marchand : Oui. La plateforme peut accueillir entre 65 000 et 70 000 personnes mais cette année, nous avons limité les places pour le moment. Nous verrons en septembre ce qu'on peut faire, selon la situation sanitaire. Afin d'éviter les files d'attente et de permettre le respect des règles de distanciation, nous avons mis en place une billetterie en prévente. Nous communiquons beaucoup dessus et nous essayons d'inciter les personnes à réserver avec un tarif plus modéré. Et en cas d'annulation, les billets 2020 resteront valables pour 2021 ou seront remboursables. Il y aura tout de même des guichets parce que la prévente n'est pas encore dans les moeurs des passionnés français.


Air Legend se déroulera les 12 et 13 septembre sur l'aérodrome de Melun Villaroche.
Les billets sont disponibles en prévente ici : 24 euros la place adulte (au lieu de 29 euros sur place), 12 euros pour la place ado (au lieu de 14 euros sur place), gratuit pour les moins de 12 ans.



L'avion d'entraînement Boeing Stearman © Jean-Baptiste Blumenfeld pour Air Legend
 
 

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